POUR DES SERVICES D’EAU INSCRITS
DANS L’ÉCONOMIE CIRCULAIRE
La nouvelle donne climatique, avec ses crues et inondations excessives, ses pénuries d’eau et son réchauffement, nous presse à adapter la gestion de la ressource en eau.
Quelle volonté pour des services d’eau plus sobres ?
L’inscription des services publics d’eau dans l’économie circulaire est un enjeu pour les territoires qui doit converger avec la feuille de route adoptée sur ce thème par le Gouvernement, au printemps 2018. Faire évoluer les services d’eau vers une plus grande sobriété sur le plan de leur consommation énergétique et sur celui des prélèvements de la ressource, est impératif.
Pour cela, les technologies existent, la plupart étant largement éprouvées hors de France, de nouvelles restant encore embryonnaires. Les entreprises de l’eau, depuis longtemps investies dans des programmes de recherche et de développement pour répondre aux besoins des territoires qu’elles accompagnent, ont conçu des solutions technologiques aujourd’hui maîtrisées.
Il est aujourd’hui indispensable que l’ensemble des acteurs publics, Gouvernement, législateur, décideurs locaux, affermissent leur détermination à suivre cette nouvelle trajectoire, afin que territoires et services d’eau et d’assainissement bénéficient des apports écologiques et économiques de l’économie circulaire.
L’entrée, de plein pieds, des métiers de l’eau et l’assainissement dans l’économie circulaire nécessite :
- l’élaboration d’un cadre législatif national encourageant
- des volontés locales d’innover
- une culture du partage d’expériences entre territoires et avec l’international.
La station d’épuration innovante valorise tous les potentiels de l’eau
Les entreprises de l’eau ont mis au point des solutions technologiques :
- pour réduire drastiquement l’empreinte énergétique des services publics d’eau et d’assainissement,
- pour mieux préserver quantitativement et qualitativement la ressource.
Les usines d’épuration de dernière génération concentrent une majeure partie de ces solutions. Dès aujourd’hui, et pour demain, elles se muent en un outil clé d’adaptation des territoires et de leurs services d’eau à la transition écologique. Bien au-delà de son rôle initial de dé-pollueur d’eaux usées, l’usine d’épuration innovante devient producteur d’une eau prête à être réutilisée et de matières organiques valorisantes pour des usages agricoles, ou une production énergétique.
Car la station d’épuration innovante est conçue pour :
Valoriser le POTENTIEL ÉCONOMIQUE des eaux usées traitées : objectif « REUT »
La réutilisation des eaux usées traitées (« REUT »), en agriculture notamment, est déployée dans les régions du monde à stress hydrique que sont, notamment, le Bassin méditerranéen et le Moyen-Orient. En France, son application se heurte à des freins administratifs en contradiction avec les récents épisodes de sécheresse survenus dans de nombreux départements, et qui sont paradoxaux au regard des objectifs fixés en la matière par la Commission européenne, ou encore d’une large acceptation de ces pratiques par les Français.
Le saviez-vous?
87 départements |
L’ambition européenne,
|
87% des Français* se déclarent prêts pour une utilisation domestique des eaux usées traitées (hygiène, cuisine…) |
* Baromètre Les Français et l’eau 2019, C.I. Eau / Kantar
Pérenniser la valorisation du POTENTIEL FERTILISANT des boues d’épuration pour l’agriculture :
objectif « gagnant-gagnant-gagnant »
La valorisation des boues résiduaires urbaines en agriculture est une filière majeure dans la gestion des eaux usées. 80% des boues d’épuration dans les services d’assainissement gérés par les entreprises de l’eau (70 % pour l’ensemble des services) sont valorisés en compostage ou en épandage.
La valorisation agricole des boues d’épuration est bénéfique pour l’environnement :
- AVANTAGE AGRONOMIQUE, elle fait bénéficier les cultures agricoles des propriétés organiques des boues résiduaires urbaines.
- AVANTAGE ÉCOLOGIQUE, elle permet d’utiliser la capacité épuratrice des sols et apporte à ces derniers les nutriments nécessaires.
- AVANTAGE ÉCONOMIQUE, elle est une solution avantageuse pour les agriculteurs en apportant des fertilisants de qualité, à moindres coûts, et pour les collectivités locales, pour lesquelles elle est source de revenus complémentaires.
Cependant, les évolutions législatives introduites en 2018 par la loi « Egalim » suscitent des inquiétudes quant à l’avenir de cette filière de valorisation de déchets organiques. Les opérateurs des services d’assainissement pourront-ils continuer à mélanger les boues et les déchets verts afin de produire du compost ?
La suppression de cette possibilité aurait pour conséquence d’orienter les usines d’épuration vers une filière d’incinération, générant un surcoût pour les usagers des services publics et ne présentant aucune valeur ajoutée au plan environnemental.
Valoriser le POTENTIEL ÉNERGÉTIQUE des eaux usées traitées : objectif « gaz verts »
D’ici à 2030, l’objectif de la France est
de produire des biogaz à hauteur
de 10% des volumes consommés
Les atouts de la méthanisation de matières organiques que sont les boues d’épuration, pour parvenir aux objectifs de développement de la filière de biogaz, sont certains :
- La technique est maîtrisée et la filière mature, de nombreuses usines d’assainissement ont été équipées et contribuent à l’alimentation des réseaux de gaz de ville (Nantes, Lyon, Clos-de-Hilde, Artois…) ou sont en passe de l’être ;
Usine de Strasbourg-La Wantzenau
1,6 million de m3 de bio-méthane produits par an,
soit l’équivalent des besoins de 5000 logements.
- La méthanisation des boues d’épuration permet une réduction importante des volumes de boues ;
- Elle est une source de revenus pour les collectivités locales et leurs services publics d’assainissement.
De plus, la co-méthanisation des boues d’épuration avec des déchets organiques d’origine diverses (industrie agroalimentaire, déchets organiques domestiques) est une voie complémentaire pour développer la filière de méthanisation. L’objectif de son développement nécessite, en France, une interprétation moins restrictive de la réglementation européenne, notamment sur les mesures relatives aux déchets. Dans plusieurs pays européens (Allemagne, Danemark notamment), ces pratiques ont cours. Par ailleurs, une coopération et des relations de confiance entre les services publics d’assainissement et le monde agricole, acteur majeur de la filière de production de bio-méthane, sont nécessaires.
À l’issue des travaux du groupe de travail « Méthanisation » constitué par le Gouvernement en 2018 pour accélérer le développement de cette filière industrielle en France, et les débats dans le cadre de l’élaboration du « Pacte de confiance » pour la sécurisation du retour au sol des déchets organiques, les entreprises de l’eau ont exprimé, aux côtés d’autres acteurs, leurs inquiétudes quant aux impacts des décisions de ces instances de concertation sur le traitement des boues d’épuration, et donc sur la maîtrise des prix des services publics d’assainissement et sur le pouvoir d’achat de leurs usagers.
En outre, les dispositions de la loi « Egalim » ont donné aux associations d’élus et aux opérateurs des services d’assainissement le sentiment d’une stigmatisation des boues d’épuration de nature à compromettre la filière de valorisation agricole de ces dernières, de même que le développement de la filière de production de biogaz par leur méthanisation.
Prenez connaissance de la prise de position de la FP2E : « Quel avenir pour les boues des stations d’épuration? »
Récupérer et recycler une ressource raréfiée : objectif « phosphore »
Le phosphore, essentiel à la fertilisation, voit ses ressources s’appauvrir au plan mondial. Or il est présent dans les effluents des activités industrielles, agricoles et municipales, et les technologies se perfectionnent pour le récupérer et le valoriser. Cette filière prometteuse en attente de législation nationale est freinée pour décoller.
Récupérer et recycler les biopolymères : objectif « bio-plastiques»
Les eaux usées contiennent des bio-polymères récupérables et transformables en bio-plastiques. L’établissement d’un cadre réglementaire concret et incitatif est un préalable indispensable au déploiement effectif de cette filière de recyclage.